Surveillance de la pollution atmosphérique par le Laboratoire d’Hygiène de la Ville de Paris – C. Radtka

Le Laboratoire d’hygiène de la Ville de Paris présente ici le compte rendu de ses travaux pour l’année 1960 et livre au lecteur les éléments de base indispensables à une étude objective de la pollution atmosphérique dans notre capitale.

On pourrait se demander si la diffusion de ces chiffres arides est vraiment nécessaire. La réponse est assez facile ; il importe de se souvenir que les valeurs numériques publiées de 1873 à 1910 par le Docteur MIQUEL, premier directeur du Laboratoire d’Hygiène de la Ville de Paris, ont permis en 1957, après trente-sept ans d’interruption, d’évaluer l’importance de la variation de la qualité de l’air que nous respirons. Ces résultats patiemment accumulés, bien qu’ils aient pu paraître alors sans grand intérêt en eux-mêmes, sont donc devenus, avec le recul de plusieurs générations, brusquement fondamentaux.

Aussi, héritiers d’un tel passé, pensons-nous que nos successeurs seront heureux, comme nous l’avons été, de retrouver non seulement des appréciations, mais surtout des valeurs chiffrées qu’ils pourront interpréter à leur tour dans des ensembles nouveaux.

C’est dans cet esprit utilitaire que nous livrons ces résultats bien que nous nous préoccupions de les voir se compléter un prochain jour par des observations épidémiologiques qui nous paraissent dorénavant indispensables.

Docteur Louis COIN, Chef de Service.

Directeur du Laboratoire d’Hygiène de la Ville de Paris [LHVP], le Dr. Coin affirme le caractère utilitaire de l’étude conduite par son service en ouverture de la Surveillance de la pollution atmosphérique dans le département de la Seine pendant l’année 19601. Les résultats présentés dans cette brochure, envoyée aux services de l’État qui s’intéressent dans cette période au problème de la pollution atmosphérique ou encore aux autres laboratoires — scientifiques et industriels — développant une expertise sur le sujet, sont également publiés dans l’Annuaire statistique de la Ville de Paris. Cette publication annuelle rend compte des activités du LHVP ; elle inclut à ce titre, à partir de la livraison concernant l’année 1955, des indications sur les mesures de la pollution atmosphérique2. D’accès libre à la bibliothèque de l’Hôtel de Ville, elle sera la référence donnée par le laboratoire aux citoyens demandant des précisions chiffrées sur les polluants de l’air parisien.

La publication sous forme de brochures pouvant être envoyées aux interlocuteurs professionnels ou associatifs du LHVP semble débuter en 1960. Sous la forme de comptes-rendus annuels d’abord, puis d’une publication reprenant les résultats de trois années, ces brochures rendent compte de l’évolution des méthodes employées pour chiffrer la pollution atmosphérique dans la capitale et des résultats obtenus. Elles indiquent également une extension progressive de la surveillance, du département de la Seine à la “Région parisienne”. Avant d’entrer dans ce contenu et de vérifier si cette extension est effective, nous revenons sur le contexte d’émergence de ce travail d’analyse systématique au sein du LHVP, un contexte qu’il faut envisager à différentes échelles : au niveau du laboratoire, de la ville, du pays et à l’international.

Quelques couvertures des brochures publiées par le LHVP dans les années 1960

La reprise des mesures de pollution atmosphérique au LHVP dans les années 1950

Comme le soulignait le Dr. Coin dans le propos ouvrant la brochure pour 1960, l’étude de l’air parisien avait déjà été entreprise au LHVP par le passé. Cependant, l’analyse métrologique de l’air et de ses constituants ne fut pas systématisée dans la première moitié du XXe siècle3. Sa reprise dans les années 1950 s’inscrit dans un contexte international marqué par une succession d’épisodes de pollution aigus et meurtriers : brouillard de la Meuse dans les années 1930, pollution à Donora en Pennsylvanie à la fin des années 1940 et, surtout, smog de Londres en 1952. La question de la pollution atmosphérique et de ses effets sur la santé devient un problème public, posé en des termes renouvelés.

Au Conseil municipal de la Ville de Paris et au Conseil général de la Seine, les conseillers interpellent le préfet de la Seine4. Au conseil d’hygiène et de salubrité de la Seine, les médecins et hygiénistes s’alarment et demandent aux pouvoirs publics de comprendre “la nécessité d’étudier et de chiffrer les pollutions atmosphériques dans les centres urbains”5. Dans la deuxième moitié des années 1950, les communications et articles sur la pollution atmosphérique se multiplient dans les sociétés professionnelles que fréquentent les hygiénistes du LHVP et du LMP6. L’action des hygiénistes se déploie aussi au niveau national et une commission interministérielle d’étude des pollutions est instaurée en 1954 au ministère de la Santé publique7.

Le département de la Seine connaît alors aussi la mise en place d’une commission interpréfectorale, impliquant les services de la préfecture et ceux de la préfecture de police et donc les deux laboratoires, LHVP et LMP, dans lesquels des analyses ont déjà été effectuées par le passé8.

En tant que service de la préfecture de la Seine, le LHVP s’inscrit donc pleinement dans le cadrage administratif du problème de la pollution atmosphérique à l’échelle départementale. La reprise d’une analyse systématique de l’air parisien, en 1954, se situe au croisement des intérêts de son directeur d’alors, Albert Besson9, qui initie les premières études et les présente dans ses cercles professionnels, et des demandes d’expertise et de chiffres de la Préfecture. Comme le souligne le préfet Jean Benedetti en 1960 devant le Conseil municipal et le Conseil général :

“Pour la région parisienne, la détection et la mesure de la pollution atmosphérique considérée dans son ensemble et sous ses différents aspects sont confiées au Laboratoire d’hygiène de la Ville de Paris, dans le cadre de l’Inspection générale des services techniques d’hygiène de la Ville de Paris et du département de la Seine.”10

Cette reprise pose aussi des problèmes scientifiques et techniques. Nous avons trouvé deux études parmi les archives conservées par le Service parisien de la Santé environnementale qui s’appuient sur les mesures effectuées en 195411. La première, intitulée “Contribution à l’étude de la pollution atmosphérique de Paris”12, témoigne de la reprise des mesures systématiques via le dosage en dioxyde de carbone (CO2), plus fréquemment désigné dans les travaux de cette période par l’appellation “anhydride carbonique”13, et de la mise en place de nouveaux protocoles qui visent à quantifier les fumées et poussières ainsi qu’à doser la teneur en dioxyde de soufre (SO2), qualifié ici de “anhydride sulfureux”. La seconde étude, intitulée “Comparaisons entre les taux moyens journaliers 1° du CO2 de l’atmosphère 2° l’absentéisme 3° les décès attribués à différentes étiologies à Paris, Année 1954″14 rend quant à elle compte d’un intérêt pour les effets sanitaires de la pollution atmosphérique.

Sur le plan technique, les mesures de la pollution atmosphérique entreprises par le LHVP à partir de 1954 témoignent ainsi bien plus d’une évolution que de la reprise d’une pratique passée, même si la comparaison à près d’un demi-siècle de distance des taux de CO2 dans le centre de Paris est identifiée comme un indice d’un possible accroissement de la pollution atmosphérique sur cette période :

“Il est difficile de tirer des conclusions définitives sur la signification de cet accroissement puisque les mesures récentes ne portent que sur une année.

Cependant tout porte à croire que cette augmentation est due à un accroissement de la pollution atmosphérique à Paris aussi bien en été qu’en hiver. Cet accroissement est plus important en hiver par suite des conditions plus favorables à des inversions de temps.”15

En effet, les conclusions sur l’utilisation du taux de CO2 comme paramètre sont explicites :

“Le dosage de la quantité de gaz carbonique contenu dans l’air d’une ville, peut, dans une certaine mesure, constituer un des éléments de la détermination de la pollution atmosphérique.

Toutefois, deux facteurs principaux font de cette mesure un “mauvais indice” de la pollution de l’air.

[…]

C’est par suite de ces constatations que nous avons cherché d’autres éléments plus susceptibles de constituer un bon indice de la pollution atmosphérique.”16

Dans cette recherche de meilleurs indicateurs, le contexte international joue un rôle et c’est vers les techniques mises au point en Angleterre pour le dosage du SO2 et la mesure de la quantité de poussières dans l’atmosphère (avant l’épisode du smog de 1952) que les ingénieurs du LHVP se tournent, sur les conseils du chimiste et directeur honoraire du LMP Daniel Florentin17.

De plus, pour le dosage du CO2, l’idée s’impose au cours de l’année 1954 de comparer les mesures effectuées au centre de Paris avec une “banlieue non industrielle”18. Des instruments sont installés dans “un pavillon à ANTONY”19. Les comparaisons effectuées semblent significatives :

“On peut conclure de cette comparaison que durant la saison d’été, l’air extérieur à ANTONY contient en moyenne 2 à 3 % de moins de CO2 qu’au centre de PARIS. En hiver (Novembre), la différence atteint 9 % environ ; c’est-à-dire que l’air d’ANTONY reste beaucoup plus stable que celui de Paris”20

Systématisation des mesures et maillage progressif du département

La démarche mise en oeuvre en 1954 pour comparer l’air au centre de la capitale à celui d’une banlieue non industrielle évolue progressivement vers un maillage du département. On peut identifier une inflexion dans les modalités de ce maillage en 1959, confirmée en 1960, avec le lancement d’opérations qualifiées de “zones sans fumées”.

Maillage progressif mais lâche jusqu’en 1959

En 1955, le poste situé au LHVP 1 bis, rue des Hospitalières Saint-Gervais dans le 4e arrondissement est dédoublé, la tour Saint-Jacques, où le LHVP effectue notamment des relevés météorologiques, est équipée de deux stations de mesure (sur la première et la dernière plateformes) et un poste est de nouveau installé à Antony21. L’année suivante, six stations supplémentaires conduisent à un maillage assez lâche du département : s’ajoutent désormais dans le réseau de stations des appareils installés dans Paris dans les 10e et 16e arrondissements et, aux limites de la ville, porte de La Chapelle, ainsi que dans les villes de Saint-Denis, Issy-les-Moulineaux, Montreuil et Colombes (ce dernier poste étant installé et exploité par le laboratoire d’essais du Conservatoire national des Arts et Métiers)22. À part pour le poste d’Antony, les instruments sont installés préférentiellement dans des établissements publics (mairies, écoles, service d’assainissement ou réservoir) choisis pour leur accessibilité et leur gratuité. Le suivi effectué pour les années 1957 et 1958 s’appuient sur ces dix stations. Deux nouvelles stations sont mises en service au début de l’année 1959, à Gennevilliers et à Clichy23 puis à Aubervilliers et à Pantin en octobre 196024. Si les tableaux qui donnent les résultats chiffrés des mesures sont certainement “arides” (pour reprendre la formule du Dr. Louis Coin), la présentation des résultats sous forme cartographique permet surtout de visualiser le réseau de mesures.

LHVP, “Surveillance de la Pollution atmosphérique, année 1959” in Annuaire statistique…, 1959, p. 263.

Les conclusions sur les différences géographiques du niveau et des types de pollution atmosphérique dans le département ne sont, quant à elles, pas alors très claires : évolutions dans les techniques mises en oeuvre d’année en année, évolutions dans le réseau de stations lui-même… La part du chauffage domestique dans les causes de pollution atmosphérique dans le département, identifiée les années précédentes, est toutefois confirmée par les résultats du maillage départemental25. Un peu nuancées, ces conclusions sont également reprises par le préfet de la Seine :

“Le cycle annuel des indices prouve l’effet prédominant du chauffage domestique dans la pollution sulfureuse et particulaire à Paris. Toutefois, il ne semble pas qu’il en soit ainsi pour certaines zones industrielles de banlieue, Saint-Denis notamment, en ce qui concerne la pollution sulfureuse tout au moins.

D’autre part, c’est un fait qu’en été, alors que le chauffage des habitations n’entre plus en ligne de compte, la teneur de l’air du centre de Paris en gaz carbonique reste régulièrement plus élevée que celle de l’air de la campagne à la même époque.”26

À l’issue de ce premier temps, le préfet de la Seine et le préfet de police confirment la répartition des travaux entre les laboratoires : étude scientifique de la pollution atmosphérique et lutte contre la pollution par les foyers domestiques pour le LHVP et lutte contre la pollution par les établissements industriels et les voitures automobiles pour le LMP27. Le travail effectué par le LHVP, en coordination avec la direction de l’Habitation de la préfecture, dans le cadre des campagnes annuelles de lutte contre la pollution due aux foyers domestiques28 a cependant des conséquences dans la surveillance de la pollution atmosphérique conduite par le laboratoire et les conclusions scientifiques qui peuvent en être tirées. Celle-ci est appelée à être renforcée dans la décennie qui suit. Alors que “le stade purement expérimental des techniques de mesure est maintenant dépassé”29, le réseau des stations de mesure doit être densifié. Comparant la situation parisienne à la surveillance mise en place à Londres, les préfets mettent en lumière la faiblesse des moyens parisiens et la nécessité d’y remédier.

nb de stations SFsurface du territoirerapport pour l’ensemble du territoirerapport pour Paris intra muros
Paris14480 km21 pour 37 km2 ou 420 000 hbts1 pour 14 km2 ou 500 000 hits
Londres62*303 km21 pour 5 km2 ou 55 000 hbts
D’après la Communication de M. le Préfet de la Seine et de M. le Préfet de Police, op. cit., p. 25. La comparaison s’appuie sur le nombre d’appareils permanents dont disposent les services londoniens en mars 1957. Le texte signale également que ce nombre s’élève à 262 si l’on compte tous les types d’instruments utilisés.

Un maillage plus fin à partir de 1959 dans les “zones sans fumées”

Conformément aux demandes de la préfecture, le réseau de surveillance de la pollution atmosphérique se densifie dans la décennie suivante. Cependant, cette densification n’est pas uniforme. Des postes sont notamment répartis dans des zones engagées dans une opération visant à réduire les fumées dues en particulier au chauffage urbain.

Ainsi, à partir de juin 1960, des postes SF (pour “Soufre-Fumées”) sont répartis sur le territoire de la commune de Boulogne-Billancourt, ville dans laquelle est conduite une opération dite “Boulogne, ville sans fumée” qui engage le LHVP, l’Association pour la Prévention de la Pollution atmosphérique (APPA), l’Institut national d’hygiène (INH) et la municipalité de Boulogne. L’année suivante, c’est dans Paris intra muros que sont mises en place deux “zones sans fumées”, dans les 11e et 16e arrondissements. Là encore, les opérations permettent des relevés plus nombreux dans ces zones où sont placés des appareils à relevé journalier30 et d’affiner les conclusions.

Extrait de Surveillance de la pollution atmosphérique dans le département de la Seine pendant l’année 1960, op. cit.

En particulier, la situation sensiblement meilleure au niveau du bois de Boulogne est, comme l’année précédente, soulignée :

“Le bois de Boulogne joue un rôle bénéfique : la pollution y est sensiblement nulle. Ce fait remarquable met en évidence l’importance des espaces verts qui ne sont touchés que dans le cas d’incidents généralisés sous l’influence de facteurs météorologiques affectant un secteur étendu du territoire.”31

Alors que le réseau de stations est encore étendu, 11 appareils étant ajoutés aux 42 stations fonctionnant à la fin de 196232, les conclusions tirées à l’issue de la surveillance effectuée en 1963 se précisent encore davantage pour ce qui concerne la répartition territoriale des polluants (considérés en moyenne) :

“On remarquera que la pollution sulfureuse, bien délimitée, est maximale dans le nord du 16e arrondissement, les 1er, 8e, 9e et 17e arrondissements en totalité, ainsi que la majeure partie du 18e arrondissement. Elle est encore élevée – plus que la moyenne générale – dans le centre et le nord-ouest de Boulogne, le sud du 16e arrondissement, les 15e, 7e, 2e, 3e, 10e et 11e arrondissements ainsi qu’à Aubervilliers. Enfin elle reste très faible à Antony, Meudon, Montreuil, Blanc-Mesnil, porte de la Chapelle et bois de Boulogne, montrant notamment l’effet bénéfique de la faible densité d’habitations et des grands espaces verts.

La répartition de la pollution particulaire (fumées noires) est un peu moins homogène. Dans cinq sites dispersés, elle dépasse de plus de 20 % la moyenne générale. On remarquera que ces postes sont placés près d’artères à circulation intense ou de réseaux ferroviaires non totalement électrifiés. Toutefois la pollution particulaire apparaît plus forte dans une zone située à l’est d’une ligne partant de la place d’Iéna passant par l’Etoile et la place Péreire, couvrant la rive droite de la Seine, et s’étendant en proche banlieue de Charenton à Saint-Denis. Par contre l’empoussièrement est très faible à Antony, à la lisière sud et ouest de Boulogne et dans le bois de Boulogne. Là encore l’influence épuratrice des espaces libres ou peu peuplés est notable.”33

En 1964 le réseau est encore étendu. C’est également le cas en 1965 où, en plus d’être étendu, le réseau est réorganisé “afin d’accroître l’efficacité de la surveillance tant à Paris qu’en banlieue”34. Cette réorganisation consiste en :

  • déplacement de postes : de la rue de la Folie-Méricourt dans le nord du 19e arr. par souci d’homogénéité du réseau, d’un poste situé à Boulogne à Sèvres en “couverture avancée de Boulogne” ;
  • accroissement et remaniement des postes fournissant des moyennes journalières.

À cette extension et réorganisation du réseau du LHVP doit être ajouté l’échange d’informations avec le réseau que l’APPA a installé dans le canton de Saint-Maur-des-Fossés qui témoigne également d’un souci de mieux caractériser la pollution atmosphérique sur un territoire plus étendu. Les informations obtenues deviennent plus nombreuses et permettent de placer des points de plus en plus resserrés sur les cartes de la région pour figurer les niveaux de pollution. Le LHVP obtient ainsi par exemple la représentation ponctuelle suivante pour les niveaux de pollution par le SO2 en novembre-décembre 1965 :

Distribution territoriale de l’anhydride sulfureux (SO2) en novembre-décembre 1965. Les disques pleins représentent les sites où la pollution sulfureuse a dépassé de 20 % la moyenne générale. Extrait de LHVP, Surveillance de la pollution atmosphérique dans le département de la Seine, pendant l’année 1965, op. cit.

Malgré la densification et l’extension du réseau de surveillance, le maillage plus faible de la banlieue parisienne, à l’exception de la commune de Boulogne-Billancourt au sud-ouest de Paris et, dans une moindre mesure, de Saint-Maur des Fossés au sud-est, reste notable en 1965. Le sud de la capitale est notamment très peu couvert par les stations : à l’exception de la station d’Antony, prévue initialement pour offrir un point de comparaison à distance des nuisances industrielles et de ce fait relativement excentrée par rapport aux autres stations, l’arc sud est dépourvu d’instruments entre Issy à l’ouest et Ivry à l’est.

On remarque également que les communes sur lesquelles sont installés des aérodromes et aéroports, au sud autour de Vélizy-Villacoublay et d’Orly (où l’aéroport a été inauguré en février 1961), au nord à proximité du Bourget ne font pas l’objet de relevés : l’activité aéronautique ne constitue pas un critère spécifiquement pris en compte pour la mise en place du réseau de suivi de la pollution atmosphérique du LHVP35.

Préciser la compréhension du phénomène de la pollution atmosphérique pour agir plus et mieux : les essais des années 1966-68

La réorganisation du réseau entreprise en 1965 s’accompagne également d’une réflexion sur l’interprétation et la présentation des résultats, menée en lien avec le Keuringsdienst van Waren de Rotterdam et le Warren Spring Laboratory de Stevenage dans le but d’établir des comparaisons entre Paris, Rotterdam et Londres36. La dynamique internationale, sensible dans les motivations qui mènent au suivi systématique de la pollution atmosphérique à Paris et au choix initial de la méthodologie, transparaît ainsi également dans l’évolution du travail, ce qui à une période où les échanges scientifiques sont renforcés par l’implication d’organisations internationales sur la question n’a rien de surprenant37. Le travail conserve cependant une nette préoccupation locale, tant du fait du centrage sur Paris que du statut du laboratoire dans lequel les études sont menées.

Rendant compte du travail d’analyse entrepris au mitan de la décennie 1960, la publication annuelle des brochures est interrompue et remplacée, plusieurs années après, par un volume plus conséquent intitulé Surveillance de la pollution atmosphérique dans la région parisienne (1966-1967-1968)38. Ce volume témoigne en particulier de l’augmentation du nombre de données traitées (relevés de taux de pollution sur des sites de plus en plus nombreux mais aussi données météorologiques) et des problématiques tant en termes interprétatifs qu’en termes de coût de traitement liées à cet accroissement.

Outre la réflexion portant sur les possibilités d’interprétation statistique des résultats obtenus, le volume montre aussi le souci de mieux rendre compte de la répartition territoriale des polluants et de leur transfert d’un site à un autre. Nous mettons ici en lumière deux propositions faites à cet égard dans la publication : des cartes d’isopollution et des “roses de pollution”.

Des cartes d’isopollution pour intégrer les enjeux sanitaires

La Surveillance de la pollution atmosphérique dans la région parisienne (1966-1967-1968) introduit des représentations cartographiques de la répartition des polluants par courbes de niveau, comparées aux figurations ponctuelles privilégiées jusqu’alors. Ce changement de représentation (qui impose de faire des choix d’échelles et de valeurs seuils) est associé à la recherche d’une meilleure prise en compte des effets sanitaires de la pollution atmosphérique :

“Si la [représentation ponctuelle] conduit à une interprétation directe des faits, très appréciée par les Services chargés de l’action administrative qui constatent ainsi des variations positives ou négatives d’un mois sur l’autre des concentrations du polluant considéré en un lieu donné, par contre, les Services de protection sanitaire n’y retrouvent pas encore en l’état l’expression du danger d’exposition, encouru par les populations groupées, aux concentrations desdits polluants auxquelles réagit l’organisme des sujets.

La seconde représentation [sous forme de cartes d’isopollution], se référant au travail du T.N.O. sur les niveaux acceptables de l’anhydride sulfureux […], ne reprend en fait que les valeurs seuils […] et élimine les valeurs intermédiaires. Les cartes ainsi obtenues sont très simplifiées et d’une lecture facile.39

Plus loin, l’auteur insiste encore sur la nécessité d’intégrer les objectifs visés en termes de santé publique dans le choix de représentation et, donc, de privilégier les cartes d’isopollution. Il insiste aussi, dans l’affirmation d’un objectif de guidage de l’action publique, sur la poursuite des efforts concernant aussi bien l’infrastructure (ie le réseau des stations) que les modalités de l’interprétation :

“On conviendra facilement de l’intérêt de ces représentations, non seulement pour l’urbaniste, mais aussi pour les Directions d’action sanitaire et sociale confrontées journellement avec des problèmes d’absentéisme et d’état sanitaire général. Mais, cette tentative étant faite, elle n’est pas exempte de critiques puisqu’elle utilise des résultats moyens et un réseau aux mailles soit trop larges soit mal disposées, faits qui conduisent dorénavant à restructurer le réseau d’observations continues de la région parisienne en fonction des besoins énoncés ci-dessus et afin de répondre au désir exprimé par l’autorité préfectorale concernant l’installation, à Paris, d’un système d’alarme.

Il s’agit là d’une oeuvre de longue haleine […]. En effet, la connaissance des variations instantanées de concentrations, les pointes comme l’on dit, dont la durée n’est pas encore très bien connue sur une aire géographique suffisamment étendue, est susceptible de vous conduire à des interprétations directement utilisables soit pour les implantations industrielles, soit pour l’organisation des zones d’urbanisation prioritaire (Z.U.P.). On voit donc, après cette expérience décennale, qu’il est bien fondé de repenser nos modes d’investigation ainsi que nos modes d’action en matière de pollution atmosphérique, en évitant l’écueil d’une recherche menée pour elle-même et sans portée pratique pour la protection des biens et des personnes.”40

Les roses de pollution pour comprendre les transferts de polluants

Les “roses de pollution” ou “échinogrammes” introduites dans ce même volume servent quant à elles l’objectif de modéliser, en première approche, le transfert des polluants d’un site à un autre41. L’auteur du rapport souligne ainsi :

“Cette représentation graphique semble prometteuse de résultats intéressants quand on pourra disposer de données plus nombreuses dans les hivers qui viennent. Là encore, il est trop tôt pour avoir des certitudes, mais le procédé qui peut être utilisé sans le recours à des moyens mécanographiques puissants mérite d’être mis à l’épreuve. Il aidera sans doute l’élaboration du travail préalable indispensable à tout traitement efficace de ces informations par ordinateur.”42

Si l’auteur insiste sur le fait que “les transferts de pollution d’un lieu à un autre doivent être interprétés avec prudence et méritent une étude plus approfondie”43, ses conclusions provisoires indiquent toutefois que “les sites de banlieue subissent pour la plupart des accroissements de pollution quand le vent vient de Paris et une très nette diminution quand il souffle de la campagne, excepté toutefois dans quelques sites de la proche banlieue du Nord-Nord Ouest où les émissions industrielles viennent perturber ce schéma”44.

Outre son intérêt propre pour la région parisienne, le souci de représenter le transfert de polluants d’un site à un autre est également replacé, dans le volume Surveillance de la pollution atmosphérique dans la région parisienne (1966-1967-1968) dans un contexte international marqué par des litiges juridiques et des enquêtes internationales portant sur les dommages provoqués par la pollution atmosphérique entre pays voisins45. Là encore, les orientations prises par les membres du LHVP témoignent de la rencontre entre des problématiques et solutions formulées à l’échelle locale et de la dynamique internationale.

Pistes de réflexion générales dégagées du corpus

Dans la suite, nous traçons quelques pistes de réflexion complémentaires nous ramenant plus directement au coeur du projet “Ciels de Paris”46. Si l’on avait, au début du projet, identifié des liens entre qualité de l’air et ciel (par exemple l’idée, plus ou moins établie et partagée, que la qualité de l’air extérieur est meilleure en altitude ou encore la formule, parfois publicitaire, du ciel propre signalant un air de bonne qualité), la plongée dans ce corpus nous conduit à identifier de nouvelles pistes de réflexions.

Dans la tradition de la météorologie et de la climatologie urbaine : l’air de la ville encore perçu comme un ciel ?

Bien qu’il soit statutairement indépendant de la Direction de la Météorologie nationale, le LHVP positionne son suivi de la pollution atmosphérique dans une approche marquée par le suivi météorologique : décompte du nombre de jours de brouillard, relevés de températures, des vents, etc. sont mobilisés pour identifier les épisodes de pollution puis pour mieux comprendre les phénomènes de transfert ou de stagnation des polluants.

La tour Saint-Jacques, utilisée d’abord surtout par le LHVP pour le suivi météorologique puis équipée de deux postes de surveillance de la pollution atmosphérique, symbolise cette proximité qui se perçoit aussi dans la restitution initiale du suivi dans les Annuaires statistiques de la Ville de Paris. En effet, pour les années 1955 à 1959, la partie “pollution atmosphérique” est couplée à partie météorologique qui présente l’état du ciel dans la capitale au cours de l’année. Ce n’est que dans un second temps que le suivi de la pollution atmosphérique nous semble devenir un sujet autonome par rapport à la météorologie, selon une évolution qu’il faudrait explorer plus avant en y intégrant les influences des différents acteurs qui contribuent dans ces années 1950-60 à définir à la fois en termes scientifiques et en termes d’action publique le problème de la pollution atmosphérique.

Évidemment, l’étude de la pollution atmosphérique reste liée à la météorologie, celle-ci fournissant des paramètres essentiels à l’interprétation des relevés des appareils de mesure. Ce rapport peut toutefois être inversé puisque la pollution est aussi identifiée, dans une démarche s’apparentant à la climatologie urbaine, comme une cause de modifications climatiques localisées à la ville (augmentation de température, influence sur l’ensoleillement et le nombre de jours de brouillard, etc.)47.

S’il y a des disciplines ou approches qui considèrent peut-être le ciel urbain comme un objet en soi ce sont certainement la météorologie et la climatologie urbaine. Les éventuelles articulations existant entre ces approches et l’étude de la pollution atmosphérique à Paris, par le LHVP notamment, nécessiteront donc des recherches complémentaires.

Où s’arrête le ciel parisien ? La possibilité d’un plancher à l’altitude variable

Dans la lignée des directives encadrant depuis le XIXe siècle les nuisances industrielles et des traités techniques de chauffe, le ciel est pensé comme un réceptacle des fumées, suies, poussières et autres nuisances tant industrielles que domestiques. En rejetant, via la cheminée, les polluants dans le ciel, il s’agit de préserver l’air de la ville. Les cheminées sont alors un élément essentiel de la définition du ciel urbain, dont le plancher (inégal) se situe à leur sommet, au niveau des rejets48 .

Les cheminées en haut des toits sont aussi un élément caractéristique de l’esthétique parisienne, qui résulte de l’aspect de certains toits parisiens, mêlant les gris du zinc et les nombreux conduits de cheminées. Comme le souligne l’architecte Raphaël Ménard, il s’agit là d’une esthétique de l’ère de la combustion49 que les recensements de conduits de cheminées utilisés pour le chauffage domestique permettent de saisir, avec les consommations de charbon et de fioul pour les mêmes usages, dans leur ampleur :

Extrait de Communication de M. le Préfet de la Seine et de M. le Préfet de Police…, op. cit., p. 27.

Cependant, si l’on considère les années 1950-60, il faut également ajouter à ces usages domestiques les cheminées industrielles, encore nombreuses dans la ville, et intégrer aussi les évacuations de gaz, fumées et poussières qui, même si elles sont guidées par des conduites ou des cheminées, ne s’en situent pas moins à une altitude bien plus basse, parfois au ras du sol comme pour l’échappement des automobiles, ou à hauteur de ponts, rues, ou immeubles pour les fumées sortant des cheminées des trains sur des voies encaissées ou des transporteurs de la Seine. La ville est ainsi hérissée de cheminées qui cherchent à atteindre le ciel pour évacuer les polluants, mais si l’on suit cette idée, on conclut que parfois le plancher du ciel est très bas, au ras du sol ou même en-dessous… Les limites entre l’air de la ville et son ciel ne résistent pas à l’emplacement dans la ville de la multitude de cheminées et conduites.

Un ciel oublié dans le schéma de réorganisation de la région parisienne ?

En 1960, les causes identifiées de pollution atmosphérique à Paris sont triples : pollution due aux foyers domestiques, pollution due aux établissements industriels et pollution due à la circulation automobile. Les pistes envisagées pour résoudre le problème concernent principalement les deux premiers points. Si le recours au zonage est confirmé comme moyen pour remédier au problème posé par la pollution d’origine industrielle, cette idée ancienne50 est reformulée en termes de politique d’urbanisme et de “décentralisation” dans le cadre de la réorganisation de la région parisienne qui inclut aussi les habitations.

“La politique d’urbanisme et d’habitation en cours de développement permet d’envisager l’avenir dans une toute autre perspective.

Le raccordement [au réseau de chauffage urbain] :

– des groupes d’habitation et ensembles réalisés en banlieue […],

– des immeubles compris dans des programmes de construction afférents à des opérations de rénovation urbaine,

– des immeubles existants, compris dans des périmètres de restauration, devrait contribuer efficacement à réduire la pollution atmosphérique qui résulte de la multiplicité des foyers domestiques.

Enfin et surtout la décentralisation constitue le remède essentiel. Cette mesure implique l’application méthodique et nuancée des décisions tendant à éloigner des lieux d’habitation les grosses installations industrielles, cause d’insalubrité, l’interdiction de toute construction d’habitation autour de ces usines dans un périmètre de sécurité reconnu scientifiquement suffisant, une action de propagande auprès des industriels tendant à leur montrer que leur intérêt réel est de participer à la lutte contre la pollution atmosphérique.”51

Si l’élargissement du territoire, de la ville à la région, est ainsi envisagé comme une manière de répondre au problème de la pollution atmosphérique qui, à Paris, est alors posé en termes anxiogènes, on peut se demander si le ciel est, lui, bien pris en compte dans ces perspectives et leur mise en oeuvre dans la décennie suivante. En effet, malgré le maillage renforcé du réseau de surveillance de la région parisienne dans les années 1960, malgré les opérations de mesures effectuées par le LMP en banlieue, notamment dans la partie très industrielle de la boucle de la Seine, la sortie des activités industrielles de Paris s’inscrit davantage dans la poursuite d’une séparation des activités dans la ville et d’un rejet en-dehors de son centre de celles qui sont les plus gênantes que d’une solution à l’échelle régionale prenant en compte les problèmes posés par la circulation des polluants d’un lieu à un autre, leur accumulation au fil du temps, et l’accroissement de la circulation automobile pouvant résulter de l’étalement des résidences et de la distance accrue entre lieu d’habitation et lieu de travail.

Comme le soulignaient déjà en 1956 Daniel Florentin et Albert Besson :

“Les atmosphères viciées ne sont d’ailleurs pas le privilège exclusif des cités industrielles ; sous l’influence des vents elles peuvent se diffuser au loin ; les exemples ne manquent pas dans les banlieues des grandes villes […]”52

Cependant cette question du transfert des polluants d’un lieu à un autre ou, autrement dit, la prise en compte du fait que le ciel est un milieu par lequel les pollutions sont déplacées (ce qui au demeurant est bien l’idée derrière le principe du rejet en altitude qui compte sur les vents pour “balayer” les polluants dégagés au-dessus de la ville) reste un point longtemps absent de la Surveillance de la pollution atmosphérique dans la Seine. Si l’ébauche d’une telle étude devient possible, à la fin de la période que nous avons considérée ici, grâce à l’accroissement des données disponibles et qu’elle est effectivement abordée de front par Jean Pelletier au sein du LHVP, elle apparaît tardive par rapport à un certain nombre de décisions concernant l’organisation de la ville ou de la région, qu’il s’agisse de l’établissement de “zones de protection spéciales” dans Paris ou de l’identification d’un certain nombre de Z.U.P. ou de zones à industrialiser en banlieue.

Les remarques antérieures sur l’influence d’un site à un autre et les effets du vent, même répétées, mais ponctuelles et non chiffrées ou manquant d’une représentation visuelle, ne semblent pas suffisantes pour que cet aspect soit intégré dans la réflexion liant réponse au problème de la pollution atmosphérique et réorganisation régionale. Il nous semble néanmoins important de poursuivre l’analyse d’une ambiguïté que nous décelons entre, d’une part, la construction progressive d’une problématique dépassant largement les limites de la ville de Paris et les frontières socio-professionnelles et, d’autre part, la construction d’un ciel commun à Paris et à sa banlieue. En effet, le LHVP n’est pas le seul laboratoire à se saisir de la question dans ces années où la reconstruction et la réorganisation de la région parisienne sont entreprises. Il importe également de saisir les éventuels effets qu’a eu le rapport présentant les résultats des réflexions et du suivi conduits de 1965 à 1968 sur ces questions d’aménagement du territoire et de protection de la population qu’il aborde directement. Nous poursuivrons donc ces réflexions intégrant les enjeux sanitaires et l’articulation Paris-banlieue via une communication que nous présenterons dans le cadre du séminaire “La région parisienne, territoires et culture”53.

Catherine Radtka


Image d’en-tête : Prise d’air au sommet de la tour Saint-Jacques, tirée de LHVP, Surveillance de la pollution atmosphérique dans le département de la Seine pendant l’année 1960, Paris, septembre 1961, nf.

  1. LHVP, Surveillance de la pollution atmosphérique dans le département de la Seine pendant l’année 1960, septembre 1961. Nous avons trouvé un exemplaire de cette brochure dans le versement de la Direction générale de la Santé, Archives nationales, cote 19760161-27. Un autre exemplaire est également disponible à la bibliothèque des Archives de Paris. []
  2. Préfecture de la Seine, Annuaire statistique de la Ville de Paris, Année 1955, Paris, Imprimerie nationale, 1957. La collection complète des annuaires statistiques est accessible en ligne, via le site des bibliothèques spécialisées de la ville de Paris. []
  3. Les analyses de l’air ne sont pas systématiques et, bien qu’il existe une réglementation visant à limiter les nuisances industrielles telles que les odeurs, fumées ou poussières, les instructions techniques et réglementations ne sont pas accompagnées de campagnes de mesure ni d’indications chiffrées sur une qualité de l’air à respecter. Il existe cependant des analyses ponctuelles de l’air parisien, effectuées pour la plupart par les scientifiques du Laboratoire municipal de Paris (LMP). Sur ces deux points, voir Laurence Lestel, « Pollution atmosphérique en milieu urbain : de sa régulation à sa surveillance », VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], Hors-série 15 | février 2013, mis en ligne le 18 octobre 2012 ; DOI : https://doi.org/10.4000/vertigo.12826 []
  4. Voir par exemple Question écrite n° 789 du Conseiller municipal Pecastaing, Bulletin municipal officiel du 11 mai 1955. []
  5. « Des accidents consécutifs à certaines pollutions atmosphériques », intervention de Daniel Florentin à la séance du conseil d’hygiène du 5 février 1954, exemplaire du Dr. Besson, 7 pages dact., conservé dans les archives du Service Parisien de Santé Environnementale. []
  6. Parmi celles-ci, citons la conférence de Daniel Florentin à la réunion mensuelle de l’Association générale des hygiénistes et techniciens municipaux [AGHTM] du 19 janvier 1955, “Les pollutions atmosphériques industrielles et autres dans la vie des grandes cités”, reproduite dans La Technique sanitaire et municipale, 50e année, n° 4, avril 1955, p. 85-93 ; Marcelle Bidault, “La pollution atmosphérique”, Technique et sciences municipales, 54e année, n° 11, novembre 1959, p. 387-395 ; le dossier consacré à la pollution atmosphérique dans Technique et sciences municipales, 55e année, n° 3, mars 1960 ; Daniel Florentin et Albert Besson, “Dangers des pollutions atmosphériques”, Les Annales d’hygiène publique, industrielle et sociale, nouvelle série, n° 3, mars 1956, p. 4-5 ; la séance du 24 mai 1956 de la Société d’Hygiène publique, industrielle et Sociale avec les communications de M. Maisonnet, “Les Germes de l’air”, et de Albert Besson, Jean Pelletier et M. Marsigny, “Procédé pour recueillir les particules fumées atmosphériques en vue de leur analyse chimique”, cf. Les Annales d’hygiène publique, industrielle et sociale, nouvelle série, n° 7-8, juillet-août 1956 ; séance du 27 juin 1958 de la Société d’Hygiène publique, industrielle et Sociale avec les communications de Henri Hein de Balsac et A. Didier, “Technique de surveillance de la pollution des atmosphères par gaz et vapeurs, au moyen du détecteur à fil chaud”, et d’A. Besson, “À propos de la pollution de l’air par le plomb tétraplégique-éthyle”, cf. Les Annales d’hygiène publique, industrielle et sociale, nouvelle série, séances mai-juin 1958. []
  7. Sur l’échelle nationale et l’implication du ministère de la Santé, nous renvoyons à Stéphane Frioux, “Genèse et application de la loi de 1961 sur la pollution atmosphérique”, Histoire@Politique, n° 43, janvier-avril 2021 [En ligne] []
  8. Communication de M. le Préfet de la Seine et de M. le Préfet de police au Conseil municipal de Paris et au Conseil général de la Seine sur La pollution atmosphérique dans la Région parisienne, Paris, Imprimerie nationale, 1960, 75 p. Nous avons trouvé un exemplaire de cette communication conjointe de Maurice Papon et Jean Benedetti dans le versement de la Direction générale de la Santé, Archives nationales, cote 19760161-27. Un autre exemplaire est également disponible à la bibliothèque des Archives de Paris. []
  9. Sur Albert Besson (1896-1965), cf. Martine François, Julien Huber, “BESSON Albert Charles”, CTHS-La France Savante, 2011 [En ligne] []
  10. Communication de M. le Préfet de la Seine et de M. le Préfet de police, op. cit., p. 19. []
  11. Pour une présentation rapide des documents anciens conservés par le SPSE incluant des archives du LHVP, voir ce billet. []
  12. 19 pages dactylographiées avec graphiques hors texte, sans date, sans auteur. Pour le moment, nous n’avons pas identifié de conférence ou de publication correspondant exactement à cette note. []
  13. La concentration en CO2 est un des indicateurs privilégiés pour évaluer le niveau de pollution de l’air dans les analyses du LHVP de la fin du XIXe siècle ainsi que dans les analyses du LMP de l’entre-deux-guerres. Sur ces dernières, quelques indications sont données dans Laurence Lestel, art. cit. []
  14. Cette étude (sg, sd) se présente sous la forme d’une compilation de courbes mensuelles mettant en regard le taux atmosphérique moyen journalier du CO2 avec, d’une part , l’absentéisme et les décès et, d’autre part, le nombre de cas de grippes, maladies organiques du coeur, tuberculoses pulmonaires et de maladies des voies respiratoires. Les données de cette étude sont partiellement reprises dans “Étude de la pollution atmosphérique”, Annuaire statistique de la ville de Paris, année 1955, op. cit., p. 270-275. []
  15. “Contribution à l’étude de la pollution atmosphérique de Paris”, p. 11. []
  16. “Contribution à l’étude de la pollution atmosphérique de Paris”, p. 17. []
  17. Les ingénieurs du LHVP s’intéressent également à mettre au point des techniques permettant l’analyse bactériologique de l’air extérieur. Ils sont aussi, dans ces mêmes années, impliqués dans l’étude de la radioactivité de l’air. Nous reviendrons sur ces aspects dans d’autres billets. []
  18. “Contribution à l’étude de la pollution atmosphérique de Paris”, p. 7. []
  19. Ce choix de ville et d’installation dans un pavillon est certainement à relier au lieu d’habitation d’un agent du LHVP. []
  20. “Contribution à l’étude de la pollution atmosphérique de Paris”, p. 8. []
  21. “Étude de la pollution atmosphérique”, Annuaire statistique de la ville de Paris, année 1955, op. cit., p. 270-275 []
  22. “Pollution atmosphérique”, in Préfecture de la Seine, Annuaire statistique de la ville de Paris, année 1956, Paris, imprimerie nationale, 1956, p. 279-299. []
  23. “Surveillance de la pollution atmosphérique”, in Annuaire statistique de la ville de Paris et des communes suburbaines de la Seine, année 1959, Paris, imprimerie nationale, 1961, p. 256-288. C’est dans cette livraison que l’on trouve la première occurrence du titre “Surveillance de la pollution atmosphérique” qui sera conservée par la suite dans l’Annuaire et servira pour titrer les brochures mentionnées au début du billet. Le texte concernant l’année 1959 paraît également comme Annexe I de la Communication de M. le Préfet de la Seine et de M. le Préfet de police au Conseil municipal de Paris et au Conseil général de la Seine sur La pollution atmosphérique dans la Région parisienne, op. cit. []
  24. Surveillance de la pollution atmosphérique pendant l’année 1960…, op. cit. []
  25. “Surveillance de la pollution atmosphérique”, Année 1959, art. cit., p. 259. Sur les conséquences politiques de la montée de la problématique du chauffage urbain par rapport notamment aux pollutions industrielles, cf. Stéphane Frioux, art. cit. []
  26. Communication de M. le Préfet de la Seine et de M. le Préfet de Police…, op. cit., p. 23. []
  27. Communication de M. le Préfet de la Seine et de M. le Préfet de police au Conseil municipal de Paris et au Conseil général de la Seine sur La pollution atmosphérique dans la Région parisienne, op. cit., p. 5. []
  28. Ces campagnes font aussi l’objet de publications sous forme de brochures que nous présenterons dans un autre billet. []
  29. Communication de M. le Préfet de la Seine et de M. le Préfet de police au Conseil municipal de Paris et au Conseil général de la Seine sur La pollution atmosphérique dans la Région parisienne, op. cit., p. 25. []
  30. Deux stations du réseau, à Montreuil et à Gennevilliers, sont équipés d’appareils à relevé bi-hebdomadaire. []
  31. LHVP, Surveillance de la pollution atmosphérique dans le département de la Seine pendant l’année 1961, 1963, p. 5-6. []
  32. Au 39 décembre 1963, le réseau de surveillance de la pollution atmosphérique compte ainsi 39 postes à relevé journalier et 16 postes à relevé bi-hebdomadaire. La liste des stations est incluse dans la présentation des résultats de l’étude, voir LHVP, Surveillance de la pollution atmosphérique dans le département de la Seine, pendant l’année 1963, 1964, tableau 1 p. 16-17. []
  33. LHVP, Surveillance de la pollution atmosphérique dans le département de la Seine, pendant l’année 1963, 1964, p. 13. []
  34. LHVP, Surveillance de la pollution atmosphérique dans le département de la Seine pendant l’année 1965, 1967, p. 5. []
  35. La question de l’influence du trafic aérien sur la pollution atmosphérique commence néanmoins à être posée. Nous y reviendrons dans un prochain billet. []
  36. La comparaison entre villes nécessite des méthodes de captation identiques de polluants et des dosages normalisés. Notons que si le cas londonien semble être un point de comparaison incontournable du fait du smog de 1952, le choix de celui de Rotterdam mériterait une recherche complémentaire. []
  37. Outre les événements académiques internationaux, on notera notamment l’implication dans cette période de l’Organisation mondiale de la Santé, du Conseil de l’Europe et de l’OECE/OCDE. []
  38. LHVP, Surveillance de la pollution atmosphérique dans la région parisienne (1966-1967-1968), sd. Sur la page de couverture de ce volume apparaît également le nom de Jean Pelletier, chef de la Section d’Hygiène des atmosphères. []
  39. Ibid., p. 20. []
  40. Ibid. []
  41. La tentative de représentation du transfert des polluants pour Paris et sa banlieue a fait l’objet en 1967 d’une communication préalable de Jean Pelletier aux Journées d’étude de la pollution atmosphérique de Rouen de 1967 ((Jean Pelletier, « La pollution atmosphérique dans les grandes villes. Sa mesure et les résultats obtenus à Paris », Communication présentée aux Journées d’étude de la pollution atmosphérique de Rouen de 1967 (20-22 septembre 1967), plusieurs exemplaires du texte de la communication et des figures projetées conservées dans le fonds du SPSE. []
  42. Ibid., p. 30. []
  43. ibid., p. 31. []
  44. ibid., p. 29. []
  45. Surveillance de la pollution atmosphérique dans la région parisienne (1966-1967-1968), op. cit., p. 27-28. Les cas évoqués sont ici celui de la Commission internationale constituée en 1949 par les États-Unis et le Canada en 1949 et l’interpellation par le délégué suédois du Conseil de l’Europe concernant l’acidité des eaux en Suède. []
  46. Bien qu’elle soit évidemment un objet de recherche en soi, la problématique de la pollution atmosphérique est utilisée, dans le cadre de ce projet, davantage comme une entrée pour réfléchir au ciel urbain, dans ses multiples dimensions. []
  47. Sur la climatologie urbaine, cf. par exemple Michael Hebbert and Vladimir Jankovic, “Cities and Climate Change: The Précédents and Why They Matter”, Urban Studies, 50(7), May 2013, p. 1332-1347. []
  48. Si cette perspective se révèle convaincante, le ciel urbain pourrait aussi avoir un plafond si l’on intègre également la notion de “hauteur de mélange”. []
  49. Raphaël Ménard, “Post-Combustion”, exposition La beauté d’une ville, Pavillon de l’arsenal, 26 mai 2021- 27 février 2022. []
  50. Cf. Sabine Barles, André Guillerme et Laurence Lestel, “Pollution industrielle et réglementation des manufactures et ateliers en France au XIXe siècle : les textes fondateurs”, Documents pour l’histoire des techniques, 17, 1er semestre 2009, p. 174-218. []
  51. Communication de M. le Préfet de la Seine et de M. le Préfet de Police, op. cit., p. 63. []
  52. Daniel Florentin et Albert Besson, “Dangers des pollutions atmosphériques”, Les Annales d’hygiène publique, industrielle et sociale, nouvelle série, n° 3, mars 1956, p. 4-5. []
  53. Intervention de Régis Briday et Catherine Radtka, prévue le 10 juin 2022. Le thème de l’année 2021-22 du séminaire RPTEC est “Histoire de la santé et de l’environnement XVI-XXIe siècles”. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Catherine Radtka (6 avril 2022). Surveillance de la pollution atmosphérique par le Laboratoire d’Hygiène de la Ville de Paris – C. Radtka. Ciels de Paris. Consulté le 11 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/mdsa


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