Le Service parisien de la santé environnementale (SPSE) est actuellement situé au 11 rue George Eastman, dans le 13e arrondissement parisien. Dirigé par Agnès Lefranc, ce service a été créé le 1er septembre 2016, dans le cadre d’un renforcement de l’expertise de la Ville de Paris en matière de santé environnement. Il regroupe cependant des structures plus anciennes qui avaient été rattachées au précédent Bureau de la santé environnementale et de l’hygiène. L’une était le Laboratoire d’hygiène de la ville de Paris (LHVP) créé en 1910. Grâce à Agnès Lefranc et à Juliette Larbre qui dirige le laboratoire « Polluants chimiques » du SPSE, nous avons pu accéder aux documents anciens conservés par le SPSE et identifié des sources ayant trait au travail du LHVP autour du problème de la pollution atmosphérique à partir des années 1950.
Le SPSE étant un organisme public, la plupart des documents qui y sont produits ou reçus constituent des archives publiques au sens du code du patrimoine1. Le SPSE ne bénéficie pas, sur place, des services d’un archiviste ou d’un spécialiste de la documentation. Les ouvrages conservés à la bibliothèque ne sont pas non plus catalogués. Nous avons eu accès à ceux-ci, ainsi qu’à la cave où sont entreposés les documents archivés et à un bureau du laboratoire « Polluants chimiques » dans lequel des boîtes d’archives nous avaient été signalées.
La bibliothèque conserve des collections d’imprimés datant de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle. Certaines émanent directement des structures dont le SPSE est l’héritier comme l’Annuaire de l’Observatoire municipal de Paris, dit Observatoire de Montsouris pour les années 1888-19002, les Annales de l’Observatoire municipal pour les années 1900-19123 puis les Annales des services techniques d’hygiène de la Ville de Paris ((19 années disponibles entre 1913 et 1937 sur Gallica)). D’autres collections enrichissent ces publications dans le champ de l’hygiène et de la médecine. On trouve ainsi à la bibliothèque du SPSE les Annales de l’Institut Pasteur (depuis la fin du XIXe S)4 ou les comptes-rendus de l’Académie de Médecine. Un dernier ensemble concerne les comptes-rendus des séances du Conseil d’hygiène publique et de salubrité du département de la Seine, publié sous la direction de la Préfecture de Police de 1895 à 1902 puis à partir de 1903 jusqu’en 1942 sous la direction de la Préfecture de la Seine et de la Préfecture de police ((La collection de ces comptes-rendus est également consultable à la bibliothèque de l’Hôtel de Ville. À partir des années 1960, les comptes-rendus des séances du Conseil d’hygiène de la Ville de Paris sont publiés, de manière irrégulière par la Direction de l’action sociale de l’hygiène et de la santé. Ces publications sont également disponibles à la bibliothèque de l’Hôtel de Ville.)).
Les documents conservés à la cave forment un ensemble plus hétérogène, tant du point de vue du domaine d’activité concerné, que du point de vue des supports, des producteurs des documents (structures désormais intégrées au SPSE ou correspondants extérieurs de celles-ci) ou de l’état de conservation. Nous n’avons pas cherché à inventorier ce fond de manière systématique et avons attiré l’attention des Archives de Paris sur son état. Dans le cadre du projet « Ciels de Paris », notre préoccupation portait principalement sur l’activité de l’ancien LHVP autour de la question de la qualité de l’air. Dans de ce domaine, les documents les plus anciens que nous avons trouvés datent des années 19505. Pour les périodes antérieures et, notamment, les premières études réalisées au sein de l’Observatoire de Montsouris devenu en 1910 le LHVP, des documents ont été conservés dans le fonds « Félix Marboutin » versé aux Archives de Paris6

Les éléments identifiés à la cave complètent les archives classées et conservées dans le bureau que l’on nous avait signalé.
Concernant l’engagement du LHVP sur la pollution atmosphérique, ont été conservées nombre de brochures et revues reçues par le laboratoire, françaises ou étrangères. Les collections constituées témoignent d’un abonnement et de relations au long cours avec des organismes comme l’Association pour la prévention de la pollution atmosphérique (APPA) fondée en 1958 qui envoie sa revue au LHVP7, ou le CITEPA qui lui transmet ses Dossiers documentaires. Parmi les études conservées par le LHVP sont notamment à signaler des rapports établis par le laboratoire « Prévention des Pollutions » d’EDF au début des années 1970.
Des brochures publiées par les services de la préfecture de la Seine ont également été conservées, en particulier celles émanant de la Direction de l’habitation avec laquelle le LHVP contribue dans le cadre d’une opération pluri-annuelle de lutte contre la pollution atmosphérique des années 1960 ciblant le chauffage domestique, à rapprocher de la création dans ces mêmes années des « Zones sans fumées » dans la capitale8
Ont également été conservés les registres des mesures effectuées par le LHVP avec les données brutes à partir desquelles ensuite rassemblées et analysées dans des études et brochures diffusées par le LHVP, en particulier :
- Des rapports mensuels intitulés « étude de la pollution atmosphérique dans la région parisienne en relation avec l’hygiène générale et la protection sanitaire » ainsi que « étude de la radio-activité dans ses rapports avec l’hygiène générale et la protection sanitaire » (pour les années 1960) qui donnent, sous forme de tableaux, des indices de pollution ou les résultats des mesures effectuées par zones géographiques
- Des études annuelles publiées sous la forme de brochures intitulées Surveillance de la Pollution atmosphérique dans le département de la Seine de 1960 à 19659
- Des rapports annuels plus récents intitulés « Surveillance de la radioactivité artificielle dans la région parisienne. Contribution du laboratoire d’hygiène de la Ville de Paris » (pour les années 1990)
De plus, des archives ont été classées par des membres du laboratoire, depuis retraités, qui ont regroupé des documents dans des boîtes croisant thème/projet/années/types de documents.
Nous avons en particulier identifié, pour les années 1950-60 :
- Un carton “correspondance P. A. [pour Pollution Atmosphérique]” 1955-1967
- Un carton « PA Surveillance 1956-1965 » qui contient, outre les brochures Surveillance de la pollution atmosphérique dans le département de la Seine, des publications ayant un rapport direct avec cette activité de surveillance notamment les études de la pollution publiées pendant ces mêmes années par le LMP et les fascicules sur la lutte concernant les foyers domestiques
- Trois cartons « Vieux Doc PA. 1950-65 » qui incluent des rapports publiés par le LHVP, mais aussi des notes et communications dactylographiées, et des articles tirés à part ou brochures et études envoyées aux membres du laboratoire. Plusieurs de ces documents sont adressés au Docteur Coin, parfois avec une dédicace
- Un carton (en très mauvais état) « Radioactivité – rapports »
Pour la période plus récente, nous avons également repéré :
- Plusieurs cartons de correspondance à partir de 1987
- Plusieurs cartons regroupant des documents datant des années 1970-80 faisant référence à la mise en place d’un réseau d’alerte
- Plusieurs cartons renvoyant plus spécifiquement au problème des pluies acides
- Plusieurs cartons renvoyant à la mise en place de la convention avec Airparif pour la surveillance des niveaux de pollution atmosphérique dans la ville (années 1980)
- Un carton « Pollution atmosphérique et végétaux »
- Un Carton « Presse public salons » avec des copies de coupures de presse, des fiches et des notes associées à la préparation d’émissions radiophoniques, expositions ou articles datant de la fin des années 1970
- Des ouvrages (type manuels) sur le thème de la radioactivité (physique, applications, protection)
Les documents conservés au SPSE sont plus nombreux que ce que nous avons repéré, en particulier pour les années 1990. Cependant l’accès privilégié dont nous avons bénéficié nous permet d’entreprendre un travail centré sur l’émergence d’une expertise en manière de surveillance de la pollution atmosphérique dans les années 1950 au sein du LHVP (notion alors englobant des composés chimiques, bactériologiques et des radio-éléments) visant à préciser comment la notion de « pollution atmosphérique » est construite dans ces années et si et comment elle s’articule avec le ciel de la ville. Une étude de la mise en place du réseau d’alerte dans les années 1970 pourrait aussi entrer dans le cadre du projet « Ciels de Paris ». Nous l’envisagerons dans un second temps.
Catherine Radtka
Image d’en-tête : Façade de la fondation Eastman, dans le XIIIe arr. dans les locaux de laquelle est situé le SPSE en 2021-22. Photo : C. Radtka
- Ce laboratoire traite des questions relatives aux polluants chimiques dans les différents milieux : air extérieur et intérieur, sols, matériaux, aliments. Le SPSE dispose également d’un laboratoire micro-organismes et allergènes et d’un laboratoire amiantes, fibres, particules. [↩]
- également conservé à la BNF [↩]
- 3 années disponibles sur Gallica [↩]
- également consultable sur Gallica [↩]
- Ces documents ont donc été conservés malgré deux déménagements successifs, le LHVP étant situé rue des Hospitalières Saint-Gervais dans le 4e arr. dans les années 1950, puis dans l’ancien marché des Blancs-Manteaux. Il a ensuite rejoint la rue George Eastman où il est encore localisé en 2022. [↩]
- Ingénieur-chimiste, Félix MArboutin est né en 1864. Il a passé toute sa carrière à la préfecture de la Seine, où il est entré en 1889, d’abord au service de l’assainissement de la ville de Paris, puis comme sous-chef du service chimique de l’Observatoire de Montsouris, et enfin, après la constitution du LHVP, comme de chef de laboratoire dans cette structure, pendant 14 ans, jusqu’à sa retraite en 1924. Félix Marboutin a publié plusieurs dizaines d’articles sur les techniques de purification de l’eau, la pollution de l’air, la surveillance des eaux potables, les ordures ménagères, l’hygiène industrielle, etc. Après sa retraite, il s’est spécialisé dans l’étude de l’actinométrie – mesure de l’influence des rayonnements, notamment solaire, sur la santé. Voir les précisions biographiques et la présentation du fond conservé aux Archives de Paris, cote D9J 1 – 35. [↩]
- Les premiers numéros datant de 1959 sous le titre Revue trimestrielle de l’Association pour la prévention de la pollution atmosphérique sont également consultables à la BNF [↩]
- Ces documents sont aussi conservés à la BNF et dans les bibliothèques spécialisées de la ville de Paris. [↩]
- Sur cette publication, voir ce billet. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Catherine Radtka (18 mars 2022). Archives du laboratoire d’hygiène de la ville de Paris : documents conservés au service parisien de la santé environnementale – C. Radtka. Ciels de Paris. Consulté le 10 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/mds9